Canon France m’a demandé si j’acceptai que mes photographies servent de test pour leur nouvelle imprimante professionnelle A2 imagePROGRAF PRO-1000.
Après avoir pris connaissance des caractéristiques techniques de cette première imprimante signée du liseré rouge, j’acceptai avec enthousiasme.
Une imprimante est un des derniers maillons d’une longue chaine de composants et d’étapes aboutissant à la livraison d’une photographie à un client.
Un format d’impression A2 en 300 dpi requiert un fichier source en 7016x4961 pixels,
donc exit mon 5D Mk III, bienvenue 5DS R et ses 8688x5792 pixels sans filtre passe-bas.
Mais un boitier ne suffit évidemment pas, les objectifs avant tout ! Encore faut-il qu’ils soient qualifiés :
Seuls ces 3 objectifs sur mon parc seront à la hauteur :
EF 24-70mm f/2.8L II USM
EF 70-200 mm f/2.8L IS II USM
EF 100mm f/2.8L Macro IS USM
5 shootings spécifiques pour explorer les différents points forts annoncés
Pour faire court, 5DS R est le premier appareil photo qui m’a vraiment donné envie de voir mes photos tirées en grand format pour pouvoir plonger dans les détails depuis la vue d’ensemble.
Une surprise de taille : l’emballage mesure en effet près d’un mètre de large, 55cm de profondeur et 43cm de hauteur pour près de quarante kilogrammes. Une conclusion s’impose il faut absolument être à deux pour réceptionner ce colis et déballer l’imprimante. Celle-ci repose en effet dans une housse plastique dotée de deux poignées pour l’extraire du carton. Si elles peuvent au premier abord sembler fragiles, elles remplissent parfaitement leur office.
Même si l'imprimante en elle-même reste compacte, prévoyez aussi une place suffisante pour son exploitation : en plus de la largeur de 72cm, 5cm de dégagement sont recommandés de chaque côté, 37cm à l’arrière et 47cm à l’avant soit une profondeur totale de 1,27m sur une largeur de 82cm.
Canon a réellement soigné le design de sa nouvelle imprimante : outre le liseré rouge des objectifs de la gamme L, les capots centraux arborent une finition texturée rappelant celle des boitiers pros et les deux énormes boutons à droite de la face avant sont dotée d'une finition canon de fusil brossé du plus bel effet.
L’installation en elle-même ne pose aucun problème, il suffit de faire attention d’avoir bien retiré TOUS les adhésifs orange qui sécurise les différents éléments mobiles de la PRO-1000 pour le transport initial. Puis de suivre les instructions détaillées sur l’écran LCD couleur de 3 pouces (7,6cm).
La seule étape qui pourra sembler inhabituelle est l’installation de la tête d’impression. Ceci signifie aussi qu’elle est donc remplaçable par l’utilisateur en cas de besoin.
L’imprimante est livrée de série avec douze cartouches d’encres de grande contenance : 80ml chacune, pas de « starter kit light» ici, ainsi que 5 feuilles A3 de Canon Photo Paper Pro Luster LU-101.
Les encres pigmentaires Lucia Pro, à la nouvelle formulation pour une longévité étendue et de meilleurs dégradés, sont les suivantes : Noir Mat, Gris, Noir Photo, Gris Photo, Cyan, Cyan Photo, Magenta, Magenta Photo, Jaune, Bleu, Rouge et Chroma Optimizer. Chaque réservoir d'encre coûte environ 55€TTC, ce qui fait que l'imprimante est livrée avec un cadeau de 600€TTC (le prix d'un plein complet).
La grande contenance (la même que celle de l'Epson SC-P800 mais trois fois plus importante que celle de mon EPSON Stylus Photo R3000) permet une plus grande autonomie, moins de changement de cartouches, moins de manipulations. Surtout que les cartouches Noir Photo et Noir Mat bénéficient chacune de leurs buses d’impression, donc aucun besoin de purger le système comme sur ma R3000. Ce qui est très bien vu, car le remplissage initial du système d’alimentation de la PRO-1000 semble visiblement consommer 50% de l’encre des cartouches. Pensez-y avant de consulter pour la première fois le niveau des fournitures dans le driver d’imprimante : les tuyaux sont remplis et l’encre est toujours disponible et non encore consommée.
L'affichage du niveau des fournitures dans le pilote d'impression n'est pas linéaire, mais se fait par 1/10 de la quantité totale d'encre dans la cartouche. Le niveau d'encre est donc indicatif car vous aurez donc seulement 10 étapes différentes affichées.
Autre remarque, toutes les jauges diminuent, ce qui est normal et attendu, sauf celle intitulée MC-20. Il s'agit du niveau de remplissage du réservoir du bloc de maintenance qui sert lors des opérations de nettoyage des têtes. Il est remplaçable par l'utilisateur et coûte environ 20€TTC.
La connexion à l’ordinateur peut se faire via USB 2.0 (480 Mbit/s), WiFi b/g/n (450Mbit/s pour le n) ou Ethernet 100base-TX (100 Mbit/s). J’y vois là une petite incohérence : il manque le gigabit ethernet. Le Power Mac G4 (PowerMac3,3) proposa en premier cette connectique en juillet 2000 !
L’installation des drivers est tout aussi simple. Elle comprend également l’installation de 29 profils ICC couvrant la gamme des papiers Canon (13) bien entendu, mais également des papiers Canson (4), Hahnemuhle (8), Magiclee (1), Moab (2) et Pictorico (1).
Petite remarque sur la désignation des profils ICC : Canon PRO-1000/500. Sachant que Canon vient d’annoncer les imagePROGRAF PRO-2000 (24" de large soit 610mm) et PRO-4000 (44" de large soit 1118mm), il y aura peut-être une petite sœur A3 à venir dans la gamme.
Une particularité de mon flux de production photo est d’encore utiliser Aperture 3.6.
Oui, j’ai, comme beaucoup, très mal pris son abandon par Apple annoncé en juin 2014. Alors, pourquoi continuer à utiliser un logiciel obsolète et abandonné par son éditeur ?
Parce que le rendu particulier de mes photos, mon « éloge de l’ombre » s’appuie sur une version particulière d’un réglage tons clairs/tons foncés seulement disponible dans ce logiciel. Le fait que le moteur de dérawtisation d’Apple soit intégré au système, et donc mis à jour indépendamment d’Aperture, m’a permis d’accroître sa durée de vie en supportant des boitiers sortis après son arrêt et notamment 5DS R.
Pour la première impression, le choix s’est porté sur une photo prise sur la scène du Ballet de l’Opéra national du Rhin, pendant une représentation de Roméo et Juliette de Bertrand d’At.
(Canon 5DS R + EF 70-200mm f/2.8L IS II USM : 70mm f/2.8 1/125s ISO 3200)
La scène représente le mariage de Roméo et Juliette dans une église orthodoxe de Kiev et a été choisie pour les raisons suivantes :
Tout d’abord une remarque sur le rendu à ISO3200 de 5DS R : bluffant ! Alors que ce n’est absolument pas son domaine de prédilection, à ce niveau on ne peut plus parler de bruit numérique mais bien plus de grain argentique.
En qualité standard, la vitesse d'impression est très rapide, ceci est notamment dû à la tête d'impression 1,5 fois plus grande (3,25cm) que sur la précédente génération. En très haute qualité bien sûr le temps s'allonge, mais est-il vraiment intéressant de réduire la qualité d'une impression pour gagner quelques minutes après tout ce qui aura été nécessaire pour faire cette photo ?
Pendant l'impression l'imprimante reste... stoïque. Pas un mouvement parasite, aidée en cela par son poids (32kg), son châssis métallique renforcé et ses patins fortement antidérapants limite adhésifs. Elle est également silencieuse, si l'on fait abstraction du bruit, bien présent, de ventilateur dû au plateau aspirant pour stabiliser la feuille de papier et garantir une distance constante entre le papier et la tête d'impression (fonction héritée des imprimantes grands formats).
Ce premier tirage sur papier Ilford Galerie Prestige Gold Fibre Silk (profil ICC disponible sur le site du fabricant) m’a purement et simplement laissé sans voix !
Une telle intensité de noirs tout en conservant de tels détails dans les zones sombres, je n'avais jamais vu cela auparavant sur une imprimante avec les profils ICC standards. Associé à la résolution des photos de 5DS R, cela donne envie de plonger dans l'image (imprimée bord à bord même en A2) pour y découvrir tous les détails parfaitement rendus : on peut quasiment y voir les cheveux noirs de Roméo détaillés individuellement (zone où l'on peut voir la différence de qualité d'impression entre le mode standard et haute qualité), les icônes murales sont tout à fait identifiables et les dégradés de bruns, bleus et noirs sans accrocs.
La flamboyance des ors tout comme les détails dans les noirs profonds bénéficient largement du "vernis" Chroma Optimizer.
Le tirage suivant est issu de ma série de photographies de danse prise en studio et a été réalisé, contrairement à mes choix habituels de papier barytés satinés, sur le Canon Photo Paper Pro Platinum PT-101 en A2.
La désormais célèbre goutte de sueur sur la clavicule (anecdote de tournage avec Patrick Levêque du magazine Le Monde de la Photo) est parfaitement rendue et le modelé des dégradés sur les grands dentelés est sublime et encore renforcé par la profondeur des noirs de l'arrière plan.
Les portraits testés inclus le triptyque "Seule la lumière pouvait" dans ma palette chromatique traditionnelle
et un portrait en gros plan illuminé d'un regard bleu.
Les 4 photos sont tirées en A2 sur le papier Canon Photo Paper Pro Luster LU-101.
Canon a équipé l’imprimante d’un système de correction de l’alignement du papier performant dont j'ai cependant pu tester les limites dans des conditions extrêmes ave l'apparition d'un triangle d'un millimètre de large en fin de A2 (à partir de 50 cm) et paramètre "Dépassement sans bordure" de l'onglet "Traitement de la page" du pilote d'impression un cran plus bas que le réglage par défaut.
Les textures différentes des iris, poudreuse pour l'iris noisette et filamentaire pour les yeux bleus, sont très bien rendues. Les cheveux noirs sont réellement détaillés ainsi que les fils de laine du pull et la zone sombre du col du pull n'est pas du tout réduite à un aplat noir.
Le gamut de l’imprimante étendu grâce au bleu et au rouge trouve à s'exprimer tout comme les novelles formulations des encres bleues et magenta. Sur le Pro Platinum, les hautes lumières et les coloris vifs du tatouage "pètent" et le bras non tatoué reste détaché du fond. Définitivement le support le mieux adapté au tirage de cette photo, qu'on veillera à ne pas placer en face d'une fenêtre tout de même.
Les 18 432 buses (1536 par couleur) offrant 600 x2 dpi sont pleinement à l'œuvre : le niveau de détails rendu par le couple 5DS R imagePROGRAF PRO-100 est ici tout simplement ahurissant ! Les pores et la structure de la peau sont visibles et parfaitement détaillés, même sous la loupe, de même que la petite peluche et son ombre. L'imprimante intègre une fonction de détection et de compensation des buses bouchées, ce qui permet de terminer une impression en utilisant les buses adjacentes à la place sans que cela se voie sur le tirage final.
Une fois de plus c'est sur le papier Canon Photo Paper Pro Luster LU-101 que cette photo a été imprimée.
Puisque l'on parle de technologies issues d'univers parallèles, l'imagePROGRAF PRO-1000 intègre la possibilité d'imprimer en WiFi directement depuis les Clouds d'Apple, de Google... ainsi que depuis les appareils mobiles utilisant les OS des deux éditeurs et les appareils photo WiFi via PictBridge.
"L'amour est un-différences" est l'archétype même de mon style photographique et des difficultés du genre à faire perdre un paquet de cheveux à un tireur d'art professionnel qu'il pose.
Le tirage depuis Apple Aperture 3.6 sur la PRO-1000 est plus chaud et celui depuis Apple Aperture 3.6 sur la R3000 semble grisâtre.
Ayant installé ma PRO-1000 sur la table de mon studio, je lui tourne donc le dos quand je suis à mon poste de création. Il y a pourtant un moyen très simple de savoir que la fin d'impression est proche. En effet, alors que le papier en fin d'impression devient inexistant, la PRO-1000 stoppe le fonctionnement de son plateau aspirant. Vous avez donc un retour auditif.
Au démarrage après une période d'inactivité la PRO-1000 va lancer une opération assez bruyante en affichant sur son écran :
"Encres en cours de mélange...
Veuillez patienter."
Rien d'alarmant, elle le fait seulement énergiquement et de manière audible.
Expérimentant actuellement avec des formats panoramiques, j'ai décidé d'en imprimer successivement deux sur la même feuille A2, ce qui me permettrait également de voir si la tête d'impression ne rayait pas le premier tirage.
La première impression se déroule normalement. Au moment de lancer la seconde, une alarme s'affiche sur l'écran de l'imprimante indiquant que le papier n'est pas centré.
En effet, la PRO-1000 détecte automatiquement la largeur du papier inséré et vérifie sa cohérence avec les données sélectionnées. Cependant, cette fonction est débrayage. Pour cela il suffit d'aller sur l'écran de la PRO-1000 dans le menu papier (affichant le format et le type de papier sélectionné) puis dans la rubrique "Avancés" pour dérouler le menu jusqu'à atteindre "Détecter la largeur du papier" et désactiver cette fonction.
Canon annonce, pour du format A2 :
Première conclusion, mes photos ne sont ABSOLUMENT pas conformes à la norme ISO/IEC 29103 !!!! J'ai réussi à déclencher l'alerte sur le niveau du Noir Photo au bout de seulement 10 impressions A2.
Seulement, outre mon style de photo, il s'agit de nuancer cette rapidité d'alerte. En effet, pour rappel, le processus initial de remplissage de la tuyauterie consomme déjà 50% du niveau d'encre des cartouches. Chose qui n'arrivera qu'une fois. De plus je ne connais pas encore l'autonomie réelle d'un cartouche vu que je n'en suis qu'à la phase d'alerte niveau faible et non cartouche vide.
L'imagePROGRAF PRO-1000 est d'origine limitée à l'impression de feuilles A2. Pour imprimer en continu sur des rouleaux, il faut recourir à l'imagePROGRAF iPF5100 dans la gamme Canon.
Sa concurrente chez EPSON la SC P-800 dispose d'un adaptateur optionnel pour papier en rouleau (432mm de large), de même que ma R3000 (limitée à 330mm de large).
C'est le seul point qui actuellement bride mes dernières explorations photographiques.
C'est visiblement un choix stratégique de la part de Canon quant au marché cible de sa nouvelle imprimante.
En tant qu'artiste utilisant la photographie comme base pour mes créations, Canon m'offre aujourd'hui quelque chose dont je ne pouvais que rêver il y a deux ans : mon autonomie !
Aujourd'hui je suis capable avec du matériel abordable, EOS 5DS R et imagePROGRAF PRO-1000, d'atteindre en interne une qualité qui aurait nécessité, il y a encore deux ans, le recours à un moyen format et à un tireur externe pour couvrir mes trois premiers échelons de taille de tirage de portraits :
Imprimer mes photos est redevenu un plaisir et non une éprouvante étape pour rendre au mieux l'éloge de l'ombre particulière de mes photos, vu comme la PRO-1000 excelle dans le rendu de noirs profonds avec un niveau de détail dans les tons sombres inconnus pour moi jusqu'alors.
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Découvrez le Workshop vidéo tourné par Le Monde de la Photo à cette occasion.
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Ingénieur Arts & Métiers de formation et autodidacte artistique, j’ai donné depuis quelques années la priorité à la partie artistique de ma personnalité. Sans préjugés ni formatage, j’ai développé ma sensibilité, mon œil, mon interprétation de la lumière, mon éloge de l’ombre au contact des danseurs et musiciens saisis sur scène jusqu’à être confronté à une question simple masquant une problématique complexe :
Comment réalisé un véritable portrait de danseur ?
De la résolution de cette question primordiale sont nés les
HYPERPORTRAITS
la nouvelle dimension de la photo
une collection de portraits multidimensionnels
en clair-obscur et transparence démultipliant
les points de vue pour transcender le physique